L'un des adjectifs les plus couramment utilisés par les Occidentaux pour décrire le droit islamique, ou charia, est "arriéré". C'est une opinion. Mais la charia est un droit qui a sa logique. Le droit romain, le droit occidental du Moyen Age, et, en général, les droits occidentaux modernes dans les pays démocratiques, ont pour base commune de refléter les aspirations des populations, leurs conceptions, toujours fluctuantes, des frontières du bien et du mal. Le droit, dans ce cas, épouse, modèle, et se laisse modeler, par la société qui le produit. Il accompagne et favorise le mouvement espéré vers la prospérité et la sécurité. Le droit islamique n'a pas les mêmes bases, ni d'ailleurs les mêmes objectifs.
Son fondement principal est la parole du dieu Allah exprimé dans le texte coranique. Son fondement secondaire est l'exemple donné aux fidèles par la vie du prophète Mahomet (conservé par les hadiths). Son but essentiel est de permettre l'entrée au paradis d'Allah du plus de dévots possible. L'organisation et la gestion pratique d'une société temporelle ne sont pour lui qu'un but accessoire. Entre la parole coranique et les exemples du Prophète, la marge de manoeuvre des juristes musulmans, qui sont aussi logiques que leurs homologues occidentaux, a toujours été réduite.
Ceux donc qui désirent modifier le droit islamique en vue de le faire mieux servir aux intérêts de sociétés temporelles sont donc contraints de détourner un objet de son usage premier et régulier. Ce qui n'est jamais aisé.
Voici quelques ouvrages, parmi les meilleurs, qui permettent de mieux cerner la complexité du problème.
M.X.Villan
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