Rien de plus sacré pour un musulman que le Coran. Ce livre renferme la parole du dieu arabe Allah dictée au prophète arabe Mahomet (Muhammad) en langue arabe (soit, dans ce cas, l'arabe spécifique de la région natale de Mahomet, le Hedjaz), par un ange que Mahomet lui-même reconnut comme étant le Gabriel de la tradition judéo-chrétienne. C'est par un processus d'assimilation identique que le dieu Allah - une parmi tant d'autres divinités de l'Arabie pré-islamique - sera identifié par lui comme le dieu commun aux juifs, aux samaritains et aux chrétiens.
Cette révélation, primitivement reproduite sur divers supports ou confiée à la mémoire de certains fidèles, sera finalement fixée sous la forme que nous connaissons aujourd'hui quelques décennies après la mort du prophète de l'islam.
Le contenu du Coran est extrêmement varié. Il se rapproche quelque peu de celui de l'Ancien Testament, mais les matériaux qui le composent sont d'origines très différentes. On y perçoit des apports judaïques, monophysites, persiques, arabiques et samaritains. Je reviendrais dès que possible sur les travaux érudits consacrés à cette oeuvre majeure du patrimoine arabe, ainsi que sur le fond humain et culturel qui la vit naître.
L'Occident a toujours mieux connu l'Orient que l'Orient n'a connu l'Occident.
Ceci est vrai depuis le Haut Moyen Age. La présence de fortes communautés chrétiennes en Egypte, Perse, Irak et Syrie, la proximité de l'Etat byzantin, la poursuite d'un trafic commercial - quoique très diminué - entre l'Europe et le Proche-Orient islamisé, les pèlerinages en Terre Sainte, tout à contribué à cette collecte d'informations. Le résultat fut l'apparition de traductions et de critiques du Coran en latin et en grec dès le Haut Moyen Age.
A contrario, la crainte d'impuretés rituelles contractées au contact du monde non-musulman, l'état de guerre prolongé, la mainmise byzantine et italienne sur les voies commerciales en Méditerranée ont limité étroitement les voyages des musulmans en Europe. Ce repliement sur soi, sur ses certitudes techniques et philosophiques, a contribué à la décadence économique, technique et politique du monde islamique. Et lui a valu quelques désagréables surprises militaires, telle que la première Croisade en Terre Sainte.
Voici une liste de traductions, récentes ou moins récentes, du Coran en langue française. Elles sont le fait de traducteurs chrétiens, musulmans et juifs (sans garantie de leur dévotion réelle...). Les particularités des langues sémitiques permettent aux traducteurs de nombreuses variations quant à la forme. Quant au fond, il est clair et ne varie guère.
Le mieux est encore de comparer plusieurs traductions. On est ainsi rassuré...et les éditeurs sont contents.
M.X.Villan
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