L'ouvrage de Fatna Aït Sabbah n'embrasse pas l'ensemble de la réflexion sur la Femme issue du monde où l'islam est dominant, mais est consacré à la vision que peuvent en avoir les imams, ulamas et autres docteurs de l'islam. La première partie en est la vision érotique, la seconde la vision légale, ce au sens du droit islamique (charia, sheria). Ainsi que le fait remarquer l'auteur, l'une et l'autre n'ont aucun rapport avec la réalité... Ce sont, néanmoins, de telles fables qui vont servir de fondement à la pensée islamique, à la pensée des juristes et théologiens musulmans sur la Femme et sa place dans la société.
Voici quelques éléments mis en lumière dans l'ouvrage de Madame Fatna Aït Sabbah.
La vision érotique de la Femme fait d'elle, dans sa version la plus accomplie, un être omnisexuel, essentiellement préoccupé par la recherche de l'orgasme (page 73); quitte à obtenir cet orgasme de l'accouplement avec un animal, âne ou ours (pages 60 à 67). L'âne, surtout, impressionne le mâle oriental:
"Chaque fois qu'il se met en situation de compétition avec l'âne, l'homme perd la partie. Sa supériorité sexuelle est profondément ancrée dans les croyances." (page 65)
L'Africain, le Noir constitue aussi une menace pour l'ordre social islamique. La taille supposée de son pénis l'expose à la concupiscence féminine. Il en vient à copuler avec l'épouse ou la fille de son maître musulman, lequel le châtie. "Dans le discours merveilleux, les châtiments de l'esclave noir qui copule avec la fille ou la femme du maître sont systématiques et brutaux." (page 82)
"Il semble qu'il y ait un véritable pacte de subversion de l'ordre musulman, de ses hiérarchies et la destruction de ses institutions entre l'omnisexuelle et les hommes de basse condition, notamment les esclaves qui sont invariablement dans ces cas-là noirs!" (pages 79-80) Et quoi de plus normal dans une société immémorialement esclavagiste et paternaliste, comme l'est la société arabe, puis arabo-musulmane...
Face à cette puissance de destruction, nous dit Mme Aït Sabbah, le légiste musulman s'est dressé pour protéger la société organisée par son Prophète. D'abord en affirmant l'inégalité des sexes, la Femme étant l'être inférieur (page 157). Puis en introduisant un troisième partenaire dans l'intimité sexuelle du couple: Allah (page 191). Enfin en proclamant que la stérilité est une conséquence directe de l'incroyance en l'existence et la puissance du dieu de Mahomet (page 180).
Le chapitre intitulé "Le paradis, le croyant et la houri" est spécialement intéressant. Après avoir constaté l'absence d'équivalent masculin de la houri [une sorte de concubine ou de domestique, promise au croyant mâle], et donc l'inégalité de traitement réservé aux bonnes musulmanes admises au paradis, l'auteur donne cette redoutable définition du paradis islamique: "Le croyant est passif, il digère, fait l'amour avec une houri privée d'utérus (ne pouvant enfanter), et il se repose. Comme la houri, il s'intègre dans le système en tant que chose privée de volonté. La seule différence est que la houri est consommée en tant qu'objet par le croyant et que celui-ci est consommé en tant qu'objet par le système." (page 172)
L'essentiel de la pensée occidentale, au cours des siècles, a visé au développement des capacités et du libre-arbitre de l'être humain. On voit là les difficultés qu'il y a à accommoder la pensée islamique avec son homologue et rivale d'Occident.
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M.X.Villan
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