Quelques éléments intéressants parmi tant d'autres:
M.X.Villan
Page 28:
Hanan Porat: « Kfar Etzion a été une percée au niveau
de la conscience nationale. ils ont commencé à parler des
implantations en Judée-Samarie, et le premier pas, on a l'a fait ici"
Page 28:
"Kfar Etzion devient alors la première colonie construite en
Cisjordanie. Pour éviter une réaction internationale hostile,
le gouvernement décide de présenter le Goush Etzion comme
une région nécessaire à la sécurité des frontières d'Israël, et
d'y implanter des bases du Nahal [organisation de jeunesse armée
officielle], qui resteront sur place
« jusqu'à nouvel ordre »."
Page 51:
"La carte de la colonisation, telle qu'elle est dessinée au
début des années 1980, n'a pas vraiment changé jusqu'à aujourd'hui. À l'ouest, le long de la ligne verte et autour de
Jérusalem, sont installés des colons dits « économiques ». Les
plus nombreux. Les « idéologiques » vivent dans le centre des
Territoires. Et à l'est, la terre est occupée par une poignee
d'agriculteurs, ceux de la vallée du Jourdain."
Page 51:
"En 1985, 44000 Israéliens vivent en Cisjordanie, répartis
dans 105 colonies. En 1989, leur nombre s'élève à environ
70000, dans 115 implantations. Avec le retour, de 1990 à
1992, d'Ariel Sharon, cette fois à la tête du ministère du
Logement dans le gouvernement Likoud dirigé par Itshak
Shamir, ce sont des milliers d'unités de logement qui sont
mises en construction, en dépit de la forte pression améri-
caine. A la veille des accords d'Oslo, la barre des 100000
colons est dépassée. La Cisjordanie est truffée de colonies,
120 au total en 1992."
Page 59:
"Ainsi, les dirigeants du Goush Emounim,
et aujourd'hui, les responsables de Yesha, ont appris à
comprendre, décoder, et utiliser les arcanes du pouvoir. Ils
savent que la colonisation se décide aux plus hauts niveaux
comme aux plus bas. Pour obtenir l'autorisation de
construire une route, une nouvelle école, de nouvelles mal-
sons, et bien entendu, une nouvelle implantation, il faut pré-
senter un dossier devant une multitude d'échelons
administratifs. Le feu vert final incombe au ministère de la
...
contribuer à faire avancer les desseins des colons, comme leur
mettre des bâtons dans les roues."
Page 91:
"Mikhal Finkel:
« Il y a un noyau idéologique fort. Le premier groupe, qui
a donné sa forme à l'implantation, l'a dessinée, était très, très
idéaliste. Avec sa méthode d'intégration dans les premières
années, ils ont attiré des gens aussi idéologues qu'eux. Avec
le temps, sont arrivés des gens moins fort idéologiquement.
Mais le premier noyau reste très puissant, et disons que ceux
qui ne se définissent pas comme de grands idéologues dans
l'âme, finissent par absorber tout ce qui se passe autour d'eux.
On peut dire que, peut-être, s'ils avaient vécu de l'autre côté
de la ligne verte, ils ne seraient pas aussi idéologues qu'ils le
sont devenus. »"
Page 93:
"Pourtant, Jeannette [Française émigrée en Israël, dans la colonie d'Ofra]
croit à une possible coexistence,
comme dans sa ville natale, Casablanca [au Maroc]. La seule solution,
selon elle, est que ses voisins renoncent à l'idée d'un État palestinien.
« Ce qui doit changer, dit-elle, c'est leur point
de vue sur nous. Qu'ils acceptent notre présence, pas seule-
ment à Ofra mais sur cette terre. » Comme beaucoup de
colons, elle regrette l'époque d'avant la première Intifada, où
les relations étaient bien moins tendues avec les Palestiniens
des Territoires."
Page 109:
"À côté de Bet El, s'étend le camp de réfugiés de Jelazoun,
où vivent des Palestiniens qui ont dû quitter leurs terres lors
de la création de l'État d'Israël en 1948. « J'y allais de temps
en temps, et alors, j'aimais m'asseoir avec les vieux et discuter
avec eux de ce qu'il y avait avant 1948, et de ce qui s'était
passé depuis... J'ai commencé à comprendre que l'histoire
était plus compliquée que je ne le pensais... J'étais arrivé avec la vérité du
Goush Emounim, et puis, j'ai entendu leur histoire : leur volonté de retourner chez eux,
la manière dont ils ont fuit ou ont été chassés, leur vie sous l'occupation. Et
j'ai commencé à comprendre qu'il y avait deux peuples avec
des droits."
"Je me suis alors rendu compte qu'on m'avait lavé le cerveau avec
des choses fausses."
Pages 136-7:
"Un des principaux rabbins de Kyriat Arba
Dov Lior dira, lui, lors des obsèques de l'assassin: « Golds-
tein [L'auteur du massacre du Caveau des Patriarches, à Hébron.]
était plein d'amour pour les êtres humains. Il avait
consacré sa vie à aider les autres. Il ne pouvait continuer à
supporter l'humiliation et la honte qui nous sont infligées.
C'est pour cela qu'il a agi, pour aucune autre raison que celle
de sanctifier le nom sacré de Dieu. » Dans la bouche du
rabbin Lior,« êtres humains » signifie « Juifs ». "
Page 139:
"Les raids punitifs et aveugles font partie des moeurs des
habitants de Hébron et de Kyriat Arba, mais ils sont aussi
monnaie courante dans la région de Naplouse. Les colonies
situées dans cette zone du nord de la Cisjordanie, comme
Yitsar ou Itamar, sont également isolées au milieu des loca-
lités palestiniennes. C'est le deuxième épicentre de la violence
d'extrême droite dans les Territoires."
Pages 168-9, ou comment prendre possession d'une maison
dans la vieille ville de Jérusalem...:
"« Il s'avère que le meilleur scénario,
c'est de réussir à évacuer l'Arabe de son plein gré », dit-il.
Il vaut mieux pour cela se doter de papiers prouvant qu'une
maison ou un terrain appartenait, jadis, à des Juifs. Dans la
majorité des cas, l'organisation se présente avec de l'argent
devant le propriétaire de la maison visée, et le convainc que
devant la justice, son cas est perdu d'avance. « On lui dit :
"Sors d'ici, prends cette somme et va te louer une maison
ailleurs" », explique Arieh King. Même si l'organisation sait
qu'elle peut, peut-être, gagner devant un tribunal, l'affaire
pourra prendre des années, et elle est pressée. L'argent permet
donc d'accélérer le processus.
Si ça ne fonctionne pas, « on lui fait un enfant dans le
dos », avoue-t-il. Traduction: l'organisation, comme c'est
souvent le cas, enverra un homme de paille. Un Arabe,
qu'Arieh King appelle « Mustafa », ira acheter la maison pour
son propre compte. En apparence. Dans les deux cas,
explique Arieh King, la transaction est filmée, et tous les
documents sont photocopiés. « Si après, ils reviennent sur
leur décision, nous sortons le film vidéo et leur disons: "Si
tu ne te tais pas, on le passe à tes amis de Ramallah ou de
Bethléem, et ils verront que tu as vendu". » Dans les Terri-
toires, vendre aux Juifs est passible de la peine de mort."
Page 281:
Les méthodes de Eran Sternberg (leader parmi les colons de Gaza)
pour contrôler l'image médiatique:
"Et les consignes suivent :
« 1. Les journalistes cherchent
les extrémistes, les choses originales, ils vont essayer de vous
entraîner à dire des choses choquantes. Il faut rester fermes
et déterminés.
2. La presse étant de gauche en majorite, Ils
vont essayer cyniquement de faire de cette affaire une histoire
d'argent. Nous ne parlons pas d'indemnités, nos vies ici ne
s'achètent pas.
3. Souvent les phrases sont coupées et remon-
tées. Soyez précis, directs et courts. Il n'y aura pas plus de
quinze secondes qui seront retenues ou deux phrases, pensez-
y.
4. Les journalistes vont essayer de vous convaincre que le
peuple est contre nous. Ne vous laissez pas entraîner dans ce
piège. Les vrais sondages sont ceux des urnes.
5. Il faut parler différemment selon le média : répétez aux journalistes étran-
gers que le terrorisme islamiste s'étend dans le monde entier,
et que l'expulsion des Juifs sera considérée par eux comme
une vIctoire qu'ils pourront copier dans... {citer le pays du
journaliste). »"
Page 306, au sujet des jeunes colons les plus extémistes,
les "jeunes des collines"...de Judée-Samarie:
"On les remarque du premier coup d'oeil. Vêtus comme
des hippies, version messianique, ils disent s'habiller « comme
au temps d'Abraham ». Les jeunes hommes ont de longues
papillotes quI encadrent leurs visages encore enfantms. Beau-
coup se laissent pousser la barbe. Ils ont abandonné les vête~
ments de leurs pères, usuels et classiques, pour des pantalons
Iarges, souvent blancs, et un poncho coloré."
Page 307:
"Ces jeunes ressemblent à des
hippies, mais n'en sont pas. Ils sont impatients, et peuvent
être violents. Ils sont fatigués des formules alambIquées de
leurs parents."
Page 313-3, une cérémonie de mariage entre "jeunes des collines",
où leurs parents, plus ...communs, sont invités...:
"Au milieu des festivités, une musique différente des autres
retentit. Zokheni na, l'hymne des « jeunes des collines ». Sans
même se consulter, comme une pratique désormais rituelle,
Elkana et ses amis s'allongent par terre, sur le dos, les uns à
côté des autres, et commencent à chanter de toutes leurs
forces : « Zokheni na », ce qui signifie « Souviens~toi de
moI »: « Souviens-toI de moi... Renforce-moI... Mais cette
fois-ci... Oh Dieu... mais cette fois-ci, donne-moi la ven-
geance, donne-moi la force de me venger... » Après avoir
hurlé cette longue incantation, les jeunes hommes se relèvent
alors que la musique se fait plus entraînante. Ils saisissent
leurs fusils, qu'ils avaient laissés un peu plus loin, et dansent
frénétiquement en cercle, dans une forme de transe, en bran-
dissant leurs armes à bout de bras, et reprennent en choeur
ce passage de la Bible où Samson, prisonnier des Philistins,
s'adresse à l'Eternel. Pendant de longues minutes, sur un
rythme fou, Elkana et ses amis célèbrent la vIolence..."
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