LE livre qu'il faut consulter sur ce sujet. Tout y est. La plupart des pages en français publiées précédemment sur cette grave question ne constituaient que des parties d'études plus vastes consacrées, par exemple, à l'organisation politique et sociale de la "cité" islamique, à la vie du prophète Mahomet, ou encore au droit musulman. Morabia ne s'est consacré qu'au jihad. Tout son présent travail tourne autour de lui. En tant que référence de niveau universitaire, cet ouvrage déclasse donc presque tous les autres...
Après avoir brossé le tableau de l'importance de la violence, de la razzia, dans l'Arabie pré-islamique, de son utilisation par le prophète de l'islam naissant, l'auteur résume les différentes phases de l'expansionnisme militaire des sectateurs de Mahomet dans tout le Proche-Orient. Il aborde ensuite la question des sources scripturaires du jihad. Soit la présence dans le texte coranique - parole du dieu Allah pour les partisans de Mahomet - de passages invitant lesdits partisans à recourir à la violence pour la défense et/ou la propagation de leur foi. La pratique de l'islam reposant en très grande partie sur l'exemple donné par le Prophète, lesquels exemples sont contenus dans les recueils de hadith et le récit de sa vie (la Sîra), Morabia y a collecté les passages intéressants ses travaux.
Il va sans dire que cette collection de textes (sacrés) bat en brèche les affirmations de ceux qui persistent à dire que l'islam ne peut être que spirituel...
La partie troisième de l'ouvrage de Morabia aborde une question encore plus négligée et ignorée que les deux précédentes par l'esprit occidental, c'est-à-dire le traitement juridique de la parole coranique et de la pratique mohamédienne. Les divers théologiens et jurisconsultes musulmans ayant bien évidemment systématisés et organisés ces exemples et ces injonctions de manière à faciliter l'organisation de la société islamique née autour de Mahomet et répandue par le jihad dans tout le Proche et Moyen-Orient. Voici donc le lecteur invité à pénétrer dans le monde merveilleux des traités de droit islamique, à côtoyer familièrement les Mâlik, les Sâfi'î, les Mâwardî, ...
Et à s'interroger avec eux sur de graves questions, telles que, par exemple (chapitre 8), le sort à réserver aux non-musulmans vivant dans le sein de la société islamique... et refusant (encore...) le passage à l'islam.
La dernière partie du livre aborde la question du "jihad intérieur". Soit la lutte contre les mauvais élans du coeur (c'est-à-dire les élans non-musulmans du coeur... La morale universelle n'existe pas encore), contre les hérésies religieuses dans le sein de l'islam, contre les rebellions dirigées contre l'autorité des califes successeurs de Mahomet, contre l'apostasie de l'islam , contre les "mauvaises moeurs" (selon les canons musulmans), ...
À remarquer, aux pages 329-330, un court exposé d'un phénomène fort connu des spécialistes de ces questions, mais entièrement ignoré des profanes: la participation active de grands maîtres soufis au jihad "physique", armé.
En conclusion, un livre à étudier d'urgence, histoire de ne pas mourir ignorant...
M.X.Villan
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