Quelques éléments intéressants:
Page 19, sur le climat général de l'armée israélienne:
« Le chauffeur tutoie le général qu'il conduit et l'appelle par
son prénom. Le général aune solde dont le montant dépasse
à peine le salaire d'un manoeuvre spécialisé en France
(cent soixante mille anciens francs par mois [de 1967]). L'armée israélienne n'a aucun règlement, on s'y débrouille au jour le
jour avec les problèmes qui se posent. Elle ne suit les
Ithéories d'aucune école de guerre, française, anglaise ou
américaine. Elle n'est ni pour Clausewitz ni pour Gudérian. »
Page 63 :
« Le partage de la Palestine étant annoncé pour mai 1948, la
guerre débuta en décembre 1947 par la guérilla. Des bandes
arabes s'inilltrèrent dans le pays par groupe de cinq cents
à mille hommes. Leur but: empêcher la circulation des
Juifs, arrêter les convois d'armes et de ravitaillement, isoler
et détruire les commerçants installés en territoire à maj orité
arabe. L'administration britannique se montre distraite :
Les bandes qui traversent en plein jour le Jourdain n'éveil-
lent que la curiosité de ses fonctionnaires.
La vie devient vite intolérable: on ne peut plus quitter les
villes. Les autobus sont régulièrement attaqués et incendiés.
Les passagers ont le choix entre les rafales de mitraillette
et les flammes. »
Page 67, sur la guerre de 1948 :
« Les ateliers d'armement produisent des armes qui, si elles
ont le mérite de l'originalité (il suffit pour s'en rendre compte
de visiter le musée de la Haganah à Tel-Aviv) fonctionnent
le plus souvent très mal.
On dit à cette époque: Quelle différence y a-t-il entre un
balai et une mitraillette sten (de fabrication locale) ?
-« il y a des chances pour que le balai tire le premier ».
Page 62, sur la lutte contre le Mandat britannique :
« Jusqu'à l'ouverture du débat sur la Palestine à Lake Success, en octobre 1947, la Haganah apprend la guerre subversive contre
un ennemi techniquement supérieur et formé militairement
selon les traditions occidentales. »
Page 75, sur la crise interne qui précéda en Israël la décision d'attaquer :
« Le général Rabin est victime d'un effondrement nerveux. Le
général Weizman qui le remplace momentanément, après
avoir menacé de lui jeter ses galons à la figure, dit à Levi
Eshkol :
« A tes ordres se tient la plus forte armée depuis le royaume
de David. Donne l'ordre à l'armée de marcher et tu devien-
dras le grand vainqueur de la guerre d'Israël. Sinon, tu seras
responsable de la destruction du pays. Ta politique mène
tout droit à l'anéantissement du troisième Etat juif. »
et le général Erik Sharon, père des parachutistes :
« Tes atermoiements nous coûteront des milliers de morts.»
Le pouvoir civil cède. »
Page 87, interview du général Yariv (Renseignements) :
« En vérité, la grande faiblesse des Arabes tient à un
facteur humain, ce décalage qui existe chez eux entre la
volonté de faire quelque chose et l'incapacité de la réaliser.
« Il est difficile pour un Occidental de vivre à l'aise avec
à l'intérieur de lui-même deux ou plusieurs vérités contra-
dictoires. L'Arabe s'en accommode fort bien. De là vient sa
faiblesse, son manque de logique, de ténacité et de foi.. Il
n'est pas de cause à laquelle il ne tienne vraiment et qu'il
ne puisse trahir avec la même bonne foi, sans cesser d'y
croire. Les exemples sont innombrables de tous ces leaders
arabes qui prêchent avec sincérité le socialisme et qui conti-
nuent en même temps à mener sans la moindre gêne une vie
de capitalistes et même de féodaux.
Je me souviens avoir interviewé un général égyptien que
nous avions fait prisonnier l'année dernière dans le Sinaï.
Je m'intéressais aux méthodes d'entraînement de l'armée
égyptienne. Pendant deux heures, il m'expliqua en détail
comment on entraînait les recrues, comment on éduquait
les officiers, comment on combinait les exercices et les manoeu-
vres. Tout cela me paraissait logique, parfait, bien conçu :
il n'y avait rien à redire. Soudain, mon général égyptien
s'interrompit et haussa les épaules :
« Mais le plus souvent on ne faisait que de la peinture. »
Etonné, je le questionnai plus avant :
« Qu'est-ce que c'est faire de la peinture ? »
« Vous savez cette peinture qu'on passe sur les vieux bateaux
rouillés pour faire croire qu'ils sont neufs. C'est plus facile
que de les retaper et ça produit plus d'effet. Au lieu de nous
entraîner, nous inondions de comptes rendus notre état-
major sur le déroulement des exercices, sur la progression
de l'entraînement. Mais en réalité, nous ne faisions pas le
travail, ce n'était rien que de la peinture. »
Page 88, Yariv :
« Le verbe dans ces pays arabes revêt une importance capi-
tale. L ' Asie de l'Est, l'Asie de la Chine est le pays du signe,
l'Inde celui du geste, le Moyen-Orient et l'Afrique arabe
celui du mot. Grâce au mot, les victoires deviennent défaites,
et les défaites victoires puisque le mot importe plus que la
réalité et qu'il suffit de la changer. C'est pour cette raison
que la plupart des comptes rendus d'officiers à leurs colo-
nels, de colonels à leurs généraux, de généraux à Nasser sont
faux et mensongers. Le mot n'est-il pas plus vrai que ce
qui existe ? Changeons le mot, la réalité changera ! »
Page 89, Yariv :
« Le grand drame des Arabes en matière militaire, c'est leur incapacité d'improvisation, leur impossibilité à prendre une initiative quelconque en matière tactique ou stratégique. »
Page 90, Yariv :
« Je ne crois pas qu'une entente soit possible pour l'instant
entre Israéliens et Arabes. Nos relations ne sont régies par
aucune logique; elles sont de caractère émotionnel, du moins
chez les Arabes. Nous avons le temps, disent les Arabes et
un jour l'océan arabe recouvrira l'ilot israélien. C'est ce qui
s'est déjà passé avec les Croisés. Les Arabes ont le temps
c'est vrai. Mais nous autres, nous sommes pressés et nous
faisons vite. Aussi longtemps qu'existera le problème des
réfugiés palestiniens, il sera difficile à un leader de conclure
la paix. Il serait aussitôt exécuté pour trahison. Nasser disait
il y a quelques années qu'il rencontrerait bien Ben Gourion,
mais qu'il ne survivrait pas quatre heures à cette rencontre.
En même temps, ces leaders arabes se foutent complètement
des réfugiés palestiniens. »
Page 100 :
« La guerre-éclair parce que les ressources économiques du
pays ne permettent pas un combat de longue durée. Une
mobilisation qui appelle sous les drapeaux 12 % de la popu-
lation jeune et active (trois cent mille hommes en 1967 sur
deux millions d'habitants) paralyse le pays. »
Page 101 :
« Au contraire des Soviétiques et des Arabes, les généraux
israéliens savent qu'ils peuvent compter jusqu'aux plus petits
échelons, sur des hommes intelligents, imaginatifs, d'un
niveau technique très élevé. Chaque soldat peut remplacer
son chef de section, chaque chef de section son capitaine
et chaque capitaine son colonel. Donc, il y a tout intérêt à
laisser le maximum d'initiative aux exécutants, à condition
bien sûr qu'ils soient au courant des plans et des intentions
de l'état-major. »
Page 115, interview du général Ezer Weizman (Aviation) :
« Le troisième facteur, décisif lui aussi, consiste dans le
nombre de missions que notre aviation pourra effectuer dans
un temps donné en comparaison du nombre des missions de
l'ennemi dans le même temps. En d'autres termes: le nombre
de sorties de combat effectives que chacun de nos appareils
sera capable d'exécuter. Ce nombre est fonction de la qua-
lité des avions, de leur quantité, de leur rapidité, du nombre
et de l'emplacement de nos bases aériennes, du niveau d'en-
tretien des appareils et de la valeur de nos pilotes. »
Page 123, interview de pilotes israéliens :
« Tous ces pilotes m'affirment:
-que leurs appareils n'ont pas été modifiés ni truqués. Ce
sont les mêmes que ceux que nous possédons en France,
-que leur entraînement est très facilité par rapport à celui
des pilotes français, car Israël jouit toujours d'excellentes
conditions météorologiques et une excellente visibilité. On
peut voler tous les jours et très bas,
-que les pilotes égyptiens ne sont pas des pilotes. Ils ne
savent que faire voler leurs appareils,
-qu'en général les Arabes ont peur en avion de livrer un
combat,
-qu'il n'existe aucun pays au monde où l'on répare aussi
vite les avions qu'en Israël.
L'un d'eux m'affirme que bombardant sur le plateau du Golan,
il a été touché par la D.C.A.. Il est obligé d'atterrir sur le
ventre. Le lendemain l'avion repartait. »
Page 146, inteview du colonel Shmuel :
« Il me donne à son tour les raisons de la supériorité des Israé-
liens sur les Egyptiens pendant la campagne du Sinaï.
-« Elle tient d'abord, dit-il, à la transmission et l'exécu-
tion des ordres. Parce que le chef de brigade est en avant
et qu'il commande directement, il gagne chaque fois sur son
homologue égyptien qui se trouve toujours à l'arrière.
Page 147, le même :
« -Enfin, nous avions de remarquables équipes de mécani-
ciens qui arrivaient à réparer et même à changer un moteur
de char en pleine bataille. »
Page 152 :
« L'une des qualités essentielles de l'armée israélienne tient,
avant tout, à la rapidité de sa mobilisation. … Le réserviste a
toujours chez lui sa tenue de combat et ses
chaussures, en dehors des armes. Les officiers gardent cepen-
dant leur pistolet. La radio diffuse un message-code, le plus
souvent emprunté à la Bible, qui appelle telle ou telle unité :
« Rose de Saron », par exemple... »
Page 156, interview du général israélien Yoffe :
« Et pourquoi avez-vous gagné ? »
- « Les Egyptiens des unités blindés connaissaient mal la
guerre de mouvement. Leurs chars pouvaient tirer vite, à la
rigueur exécuter une manoeuvre simple d'encerclement. Mais
les officiers s'affolaient dès qu'il s'agissait d'exécuter des
mouvements plus complexes, dès qu'il fallait rouler la nuit,
par exemple et changer de formation. Cela a été vrai à tous
les niveaux... »
Page 168 :
« Une vieille tradition plus littéraire que réelle accordait aux
Arabes ce qu'elle refusait généralement aux Juifs: le cou-
rage, le goût du sang, de la violence, l'invincibilité dans le
combat rapproché. »
« Les parachutistes israéliens ont retourné à leur profit cette
légende... »
Page 178, un épisode de la bataille pour Jérusalem :
« L'école de police tenue par deux cents légionnaires jor-
daniens résistera à plusieurs assauts furieux des parachu-
tistes. Ce n'est qu'à 4 heures du matin qu'ils en viennent à
bout, à la lueur des projecteurs installés au sommet d'un
immeuble. Les Jordaniens ont eu 106 morts, tous les autres
sont blessés. La brigade perdra cette nuit-là le quart de ses
officiers. »
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